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La société, qui est la mise en commun des énergies
individuelles, bénéficie des efforts de tous et rend à tous leur effort
plus facile. Elle ne peut subsister que si elle se subordonne l'individu,
elle ne peut progresser que si elle le laisse faire: exigences opposées,
qu'il faudrait réconcilier. Chez l'insecte, la première condition est
seule remplie. Les sociétés de fourmis et d'abeilles sont admirablement
disciplinées et unies, mais figées dans une immuable routine. Si
l'individu s'y oublie lui-même, la société oublie aussi sa destination;
l'un et l'autre, en état de somnambulisme, font et refont indéfiniment le
tour du même cercle, au lieu de marcher, droit en avant, à une efficacité
sociale plus grande et à une liberté individuelle plus complète. Seules,
les sociétés humaines tiennent fixés devant leurs yeux les deux buts à
atteindre. En lutte avec elles-mêmes et en guerre les unes avec les
autres, elles cherchent visiblement, par le frottement et par le choc, à
arrondir des angles, à user des antagonismes, à éliminer des
contradictions, à faire que les volontés individuelles s'insèrent sans se
déformer dans la volonté sociale et que les diverses sociétés entrent à
leur tour, sans perdre leur originalité ni leur indépendance, dans une
société plus vaste: spectacle inquiétant et rassurant, qu'on ne peut
contempler sans se dire qu'ici encore, à travers des obstacles sans
nombre, la vie travaille à individuer et à intégrer pour obtenir la
quantité la plus grande, la variété la plus riche, les qualités les plus
hautes d'invention et d'effort. |
Rapport à l'autre
Lévinas
Lipovetsky
Bergson
Risque
de la violence
Hobbes
Memmi
Rousseau
Girard
Canaliser la violence
Rousseau
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Freud
Bataille
Etat fort
Hobbes
Lefort
Arendt
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